Les propos du pape sur la théorie du genre ont suscité une levée de boucliers en France. La philosophe Bérénice Levet(1) démonte les arguments de ceux qui nient son existence.
Réagissant aux propos du pape François, Najat Vallaud-Belkacem a réaffirmé que la théorie du genre n’existait pas. Alors, cette théorie existe-t-elle ? Faut-il parler d’idéologie, de théorie, ou des théories ?
La théorie du genre existe. Son objet est l’élaboration conceptuelle de cette notion de genre. Je rappellerai rapidement ce que ce vocable en apparence inoffensif véhicule.
Il s’agit d’abord de distinguer entre le donné biologique, le sexe – les promoteurs du genre admettent une différence physique entre un corps d’homme et un corps de femme –, et l’identité sexuelle comme construction sociale, le genre. Mais de la distinction, le genre glisse vers la totale dissociation : l’identité féminine ou masculine serait une pure convention. Le fait de naître dans un corps masculin ou féminin est sans aucune incidence sur votre personnalité sexuée et sexuelle. Il y aurait une neutralité originelle que le nouveau-né perdait avec la naissance, et même avant, dès que son sexe biologique est identifié. La grande machine d’assignation à une identité, selon le mot fétiche du genre, se met en marche. L’affranchissement à l’égard de la nature permet de se jouer de toutes les identités et sexualités – car l’hétérosexualité, selon eux, n’a rien non plus de naturel. C’est le règne de la flexibilité de l’identité sexuelle.