Célébrée mercredi 14 férvrier, la Saint-Valentin nous invite à prendre soin de notre relation de couple. Et si on étendait ce rituel à tous les autres jours de l’année ?
Le sociologue Jean-Claude Kaufmann insiste sur l’importance des moments de complicité et de présence à l’autre « pour maintenir la dynamique du couple ». ZOOM
Le sociologue Jean-Claude Kaufmann insiste sur l’importance des moments de complicité
et de présence à l’autre « pour maintenir la dynamique du couple ». / Alice Beuvelet/hanslucas
« Chéri ! Tu as pensé à la Saint-Valentin ? » Chaque année, le 14 février, la fête des amoureux est célébrée dans le monde entier, sur des tonalités différentes. Il y a le style romantique traditionnel. Bouquet de roses, petite carte décorée de cœurs et de mots doux, dîner en tête-à-tête au restaurant.
Et il y en a d’autres, moins prévisibles, plus originaux. Une escapade surprise, un rendez-vous discret. « Pierre avait laissé les enfants chez mes beaux-parents et nous sommes partis tous les deux, en Normandie, passer la journée au bord de la mer. C’était son idée, il avait tout pris en charge, et j’en garde un souvenir merveilleux », se remémore Anita, 42 ans.
Par-delà son caractère injonctif, voire conformiste, la Saint-Valentin permettrait d’entretenir la flamme amoureuse. Ce rituel ancestral suscite pourtant, notamment en France, une part de méfiance. On lui reproche son côté « futile » et « commercial ». Du coup, un certain nombre de couples laissent passer le jour J sans y prêter attention. La journée des amoureux se heurte, au mieux, « à un mur d’indifférence », au pire à « un mouvement de rejet », a ainsi constaté le sociologue Jean-Claude Kaufmann dont l’ouvrage Saint-Valentin, mon amour ! (1) a connu un flop en librairie.
« Enclencher la spirale positive du couple »
Il n’empêche. Pour ce fin observateur du couple, « la Saint-Valentin, en donnant l’occasion d’exprimer ses sentiments, son attachement, de dire des mots gentils, et en incitant l’autre à faire de même, a pour effet d’enclencher la spirale positive du couple ». Jean-Claude Kaufmann insiste en particulier sur l’importance des moments de complicité, d’intensité et de présence à l’autre « pour maintenir la dynamique du couple ».
Personne n’échappe à la routine. Mais la laisser s’installer et envahir l’espace conjugal, c’est prendre le risque de la voir étouffer le couple. Le sentiment amoureux est à l’image d’une flamme : il a besoin d’être entretenu, voire ravivé. Ou même allumé une nouvelle fois, comme l’a imaginé l’écrivain Alexandre Jardin, dans son roman Le Zèbre, adapté au cinéma. Gaspard Sauvage, marié depuis quinze ans, décide de reconquérir la femme de sa vie, en se faisant passer pour quelqu’un d’autre, afin de retrouver la passion du début.
« Lorsque les conjoints s’installent ensemble, ils posent les bases de leur vie commune. Chacun a besoin de ses moments de routine, un peu régressifs, de confort individuel, en rentrant du travail par exemple. Mais ils doivent être compensés par ceux où l’on se montre attentif aux questions, aux attentes, aux désirs de l’autre », note Jean-Claude Kaufmann.
S’offrir des moments privilégiés
Pour cela, il est indispensable de créer des temps de rupture de l’ordinaire. « On sort de son petit monde à soi, pour entrer dans une bulle à deux où l’on se sent complices. L’intimité retrouvée peut se concrétiser dans la relation sexuelle mais pas seulement. Partager une émotion intense devant un beau paysage, écouter un concert, traverser une épreuve lors d’une randonnée par exemple, sont autant d’expériences qui peuvent permettre au couple de se sentir en communion », suggère-t-il.
Prendre soin de son couple, c’est s’offrir des moments privilégiés. S’accorder un « temps de qualité », de façon régulière, que ce soit un soir par semaine, une demi-heure par jour ou un week-end tous les deux mois où l’on va se rendre pleinement disponible à l’autre. Sans enfants, sans téléphone posé sur la table. Cela demande aux conjoints de l’attention, de la délicatesse et aussi une certaine vigilance, dès le début de leur cohabitation, et particulièrement après la naissance du premier enfant.
« L’amour se transforme au fil du temps », explique Maylis Duffaut, conseillère conjugale et familiale au Cler. « Les jeunes couples ont du mal à l’accepter. Il leur faut quitter cette relation passionnelle pour inventer un nouveau couple, à la fois conjugal et parental. L’amour se décide, se construit, s’enracine et s’entretient comme un feu. »