Si nous n’avons pas assez de recul, comment parler d’ores et déjà des dégâts à venir sur ces enfants ? Comment mesurer les conséquences ?

C’est le drame d’aujourd’hui : sans mesure, sans chiffre, ce que l’on avance n’est pas crédible. En tant qu’haptothérapeute, je reçois des gens ayant connu des difficultés très précoces. Je suis au quotidien « les mains dans le cambouis » de cette réalité humaine et n’ai pas besoin de chiffres pour savoir que la GPA est dangereuse. De même, la naissance intervient dans un contexte assez rude – souvent des césariennes –, car on ne veut prendre aucun risque.

GPA ou non, la naissance sera toujours un passage difficile : l’enfant expérimente la dépendance et subit des rafales de premières fois. L’effort d’adaptation que doit faire un nouveau-né pour survivre est énorme, même quand tout se passe au mieux. Trouver des repères de sa vie d’avant le rassure. Ainsi, idéalement, ce moment de la naissance doit être une césure, non une coupure. Tout cela, les vétérinaires l’ont compris depuis longtemps. Tous les éleveurs de chiens savent combien de temps le chiot doit rester auprès de sa mère, sans quoi il deviendra agressif et mordeur.

Or, dans le cas d’une GPA, l’enfant est arraché de sa « planète mère » qui est sa sécurité. Il doit d’un moment à l’autre s’adapter à des inconnus. Quel choc pour lui ! Les failles sont là, souterraines mais réelles, qui s’ouvriront un jour ou l’autre.

Nous sommes dans une période où les évolutions s’accélèrent de manière inouïe et où les valeurs de commerce ont remplacé celles d’humanité.

Faut-il dire à l’enfant qu’il n’est pas un enfant naturel ?

Oui, il ne faut pas le cacher à l’enfant qui n’est pas idiot. On ne doit pas dissimuler ce qu’il a vécu. Il a éprouvé la douleur de l’arrachement seul, n' a pas été soutenu par les mots et les gestes qui auraient pu l’aider à mieux traverser cette étape. Si on voulait fabriquer de la souffrance et de la pathologie, on ne s’y prendrait pas autrement…

Quelles différences entre les enfants nés sous X et ceux issus d’une GPA ?

Un enfant né sous X est issu d’une rencontre sexuelle, même si elle peut être violente comme dans le cas d’un viol. Ces mères n’ont pas avorté et ont fait ce qu’il fallait pour mener cette grossesse à terme et que leur enfant soit adopté. Ainsi, un vrai lien s’est créé avec lui. C’est déchirant, mais c’est palpable, racontable, « travaillable » (sic).

Dans le cadre de l’adoption, il s’agit d’un garçon ou d’une fille à qui il est arrivé un accident de la vie que des parents adoptifs vont essayer de réparer. La GPA en revanche consiste à programmer un malheur pour s’approprier un enfant. Je ne sais pas ce que l’on dira à ceux nés d’une GPA. Il faudra trouver des termes qui ne soient pas trop désespérants pour leur présenter la situation.

Qui est responsable : les parents qui veulent un enfant à tout prix ? les États qui autorisent la GPA ? les femmes qui louent leur ventre ?

Nous sommes dans une période où les évolutions s’accélèrent de manière inouïe et où les valeurs de commerce ont remplacé celles d’humanité. L’espèce humaine devra faire face aux mutations qu’apporteront les progrès techniques. Ce qui m’inquiète c’est que notre époque a une éthique qui n’est pas au niveau de nos possibilités techniques.

Aujourd’hui, avec la GPA, nous touchons à quelque chose de sacré, à savoir la transmission de la vie. Lorsque je parle de « sacré », je me situe en dehors de toutes considérations religieuses. Assigner une valeur marchande à un enfant, qui par définition devrait n’avoir pas de prix revient à permettre qu’il soit commandé et payé pour être conforme, dans son ADN, au lignage parental. La « conformité génétique » a des relents malodorants.

En le traitant en objet convoité, auquel chacun a droit s’il peut payer, en lui proposant comme premier lien affectif, fondateur, un marché de dupes entre ses parents et une femme qui accepte d’être ainsi utilisée un temps pour disparaître ensuite, l’humanité de l’enfant est mise en péril. Nous devons nous préoccuper de l’avenir de l’enfant, objet de transaction financière contractuelle, et de sa descendance. Ne pas le faire revient à nier tout ce que le passé nous a appris sur ce qui fait la communauté humaine.

Benjamin Coste 

Si nous n’avons pas assez de recul, comment parler d’ores et déjà des dégâts à venir sur ces enfants ? Comment mesurer les conséquences ?

C’est le drame d’aujourd’hui : sans mesure, sans chiffre, ce que l’on avance n’est pas crédible. En tant qu’haptothérapeute, je reçois des gens ayant connu des difficultés très précoces. Je suis au quotidien « les mains dans le cambouis » de cette réalité humaine et n’ai pas besoin de chiffres pour savoir que la GPA est dangereuse. De même, la naissance intervient dans un contexte assez rude – souvent des césariennes –, car on ne veut prendre aucun risque.

GPA ou non, la naissance sera toujours un passage difficile : l’enfant expérimente la dépendance et subit des rafales de premières fois. L’effort d’adaptation que doit faire un nouveau-né pour survivre est énorme, même quand tout se passe au mieux. Trouver des repères de sa vie d’avant le rassure. Ainsi, idéalement, ce moment de la naissance doit être une césure, non une coupure. Tout cela, les vétérinaires l’ont compris depuis longtemps. Tous les éleveurs de chiens savent combien de temps le chiot doit rester auprès de sa mère, sans quoi il deviendra agressif et mordeur.

Or, dans le cas d’une GPA, l’enfant est arraché de sa « planète mère » qui est sa sécurité. Il doit d’un moment à l’autre s’adapter à des inconnus. Quel choc pour lui ! Les failles sont là, souterraines mais réelles, qui s’ouvriront un jour ou l’autre.

Nous sommes dans une période où les évolutions s’accélèrent de manière inouïe et où les valeurs de commerce ont remplacé celles d’humanité.

Faut-il dire à l’enfant qu’il n’est pas un enfant naturel ?

Oui, il ne faut pas le cacher à l’enfant qui n’est pas idiot. On ne doit pas dissimuler ce qu’il a vécu. Il a éprouvé la douleur de l’arrachement seul, n' a pas été soutenu par les mots et les gestes qui auraient pu l’aider à mieux traverser cette étape. Si on voulait fabriquer de la souffrance et de la pathologie, on ne s’y prendrait pas autrement…

Quelles différences entre les enfants nés sous X et ceux issus d’une GPA ?

Un enfant né sous X est issu d’une rencontre sexuelle, même si elle peut être violente comme dans le cas d’un viol. Ces mères n’ont pas avorté et ont fait ce qu’il fallait pour mener cette grossesse à terme et que leur enfant soit adopté. Ainsi, un vrai lien s’est créé avec lui. C’est déchirant, mais c’est palpable, racontable, « travaillable » (sic).

Dans le cadre de l’adoption, il s’agit d’un garçon ou d’une fille à qui il est arrivé un accident de la vie que des parents adoptifs vont essayer de réparer. La GPA en revanche consiste à programmer un malheur pour s’approprier un enfant. Je ne sais pas ce que l’on dira à ceux nés d’une GPA. Il faudra trouver des termes qui ne soient pas trop désespérants pour leur présenter la situation.

Qui est responsable : les parents qui veulent un enfant à tout prix ? les États qui autorisent la GPA ? les femmes qui louent leur ventre ?

Nous sommes dans une période où les évolutions s’accélèrent de manière inouïe et où les valeurs de commerce ont remplacé celles d’humanité. L’espèce humaine devra faire face aux mutations qu’apporteront les progrès techniques. Ce qui m’inquiète c’est que notre époque a une éthique qui n’est pas au niveau de nos possibilités techniques.

Aujourd’hui, avec la GPA, nous touchons à quelque chose de sacré, à savoir la transmission de la vie. Lorsque je parle de « sacré », je me situe en dehors de toutes considérations religieuses. Assigner une valeur marchande à un enfant, qui par définition devrait n’avoir pas de prix revient à permettre qu’il soit commandé et payé pour être conforme, dans son ADN, au lignage parental. La « conformité génétique » a des relents malodorants.

En le traitant en objet convoité, auquel chacun a droit s’il peut payer, en lui proposant comme premier lien affectif, fondateur, un marché de dupes entre ses parents et une femme qui accepte d’être ainsi utilisée un temps pour disparaître ensuite, l’humanité de l’enfant est mise en péril. Nous devons nous préoccuper de l’avenir de l’enfant, objet de transaction financière contractuelle, et de sa descendance. Ne pas le faire revient à nier tout ce que le passé nous a appris sur ce qui fait la communauté humaine.

Benjamin Coste

28/04/2015

http://www.famillechretienne.fr/politique-societe/bioethique/catherine-dolto-avec-la-gpa-nous-programmons-le-malheur-d-un-enfant-165762