. A tel point qu’une association, Outrage, mise sur pied en janvier dernier pour lutter contre l’homophobie, les discriminations et les violences à l’égard des homosexuels, a lancé une pétition "Stop gaybashing !" ("Halte au harcèlement à l’égard des gays !"). Jeudi, comme il l’avait annoncé, le Premier ministre Elio Di Rupo (PS) a rencontré les associations à l’initiative de cette pétition, avec les ministres chargées de la Justice, Annemie Turtelboom (Open VLD), et de l’Intérieur et de l’Egalité des chances, Joëlle Milquet (CDH). "Il faut agir !" avait lancé Di Rupo sur Twitter.

L’accord du gouvernement Papillon évoque le rôle précurseur que la Belgique doit jouer dans l’égalité des droits pour les gays et les bisexuels. Il y est précisé que le gouvernement affichera la plus grande fermeté à l’égard des violences commises contre ces personnes.

En Belgique, sur papier, les homosexuels ont de nombreux droits, comme le mariage et l’adoption. Et l’arsenal législatif permet de considérer comme circonstance aggravante le fait que les actes aient été commis par haine de l’appartenance sexuelle de la victime. Depuis 2006, les parquets sont obligés de noter officiellement dans la procédure de traitement de la plainte que le délit a été inspiré par l’homophobie. Le parquet de Liège a d’ailleurs requalifié dans ce sens le meurtre d’Ihsane Jarfi.

Mais il ne fait pas bon de se promener dans la rue, quand on est gay ou lesbienne, relève Bjorn Pius, coordinateur d’Outrage. Au point que l’association a fait développer une application "Gaybashing" pour smartphones, permettant aux Holebi de signaler instantanément toute agression verbale ou physique subie pour les répertorier sur une carte de Belgique.

Si l’homophobie reste largement sous-estimée, elle devient de plus en plus visible. On se souvient qu’en juin 2011, un jeune homme s’est fait taper dessus en plein centre de Bruxelles, uniquement parce qu’il était homo. Outre les agressions physiques, les injures et "sale pédé" fusent régulièrement. Mais ces faits sont très peu rapportés. Ainsi, en 2010, la police n’a enregistré qu’une cinquantaine de plaintes et seuls quatre dossiers d’agression homophobe ont été identifiés auprès des parquets belges. Des chiffres qui ne reflètent donc en rien la douloureuse réalité vécue par les Holebi. Selon une étude qu’avait fait réaliser le précédent ministre de la Justice, Stefaan de Clerck, six homos sur dix confiaient avoir déjà été victimes de violence verbale; 10 % d’agression physique. Or, selon le Centre pour l’égalité des chances, les homosexuels, lesbiennes et bisexuels représenteraient entre 5 et 10 % de la population belge...

La Libre Actu Belgique

An.H.

Mis en ligne le 11/05/2012

Commentaire de RYL :

Il est bien compréhensible que ce meurtre odieux soulève une profonde indignation. On ne répétera jamais assez combien le respect de toute personne et la tolérance devraient rester centrales et incontournables dans toute société !

Néanmoins, après avoir écouté les débats de ce WE à ce propos, nous aimerions souligner deux petits points qui n’ont pas, ou peu été soulignés, et qui parlent aussi de respect de l’autre.

1)      Plusieurs téléspectateurs, dont la plupart étaient des personnes homosexuelles elles-mêmes, ont essayé d’insister sur le fait qu’elles ne se reconnaissaient pas dans la Gay-pride, au ton beaucoup trop excentrique, provocateur et revendicateur, et qu’elle se sentaient choquées qu’on s’exprime ainsi en leur nom. D’autres d’ailleurs se sont indignées qu’on ait rebaptisé cette manifestation Belgian-pride, comme si elle reflétait l’opinion d’une majorité de belges.

2)      Le point de vue des « holebi » s’exprime de plus en plus haut et fort dans notre société, et il est essentiel d’être profondément à l’écoute de leur vécu et de leurs besoins, et d’en tenir compte pour l’avenir. Cependant, le danger résiderait dans un discours trop idéologique, promotionnel et publicitaire, qui semble s’insinuer de plus en plus, entre autres dans les médias (feuilletons pour jeunes, changements souhaités dans les programmes scolaires, pression très forte pour affirmer que dans le domaine de la sexualité, tout se vaut et qu’il faut tout essayer….). Comme nous l’avons déjà exprimé sur ce site, nous rappelons que les adolescents passent pour la plupart par une phase d’homosensualité qui n’est qu’une étape de leur construction affective. S’ils sont soumis à ce stade de leur vie à un discours trop incitatif, il y a un risque énorme qu’ils se laissent entraîner sur des chemins qui ne correspondent pas à leur nature profonde. Nous côtoyons un nombre sans cesse accru de jeunes dans cette situation, qui prennent trop tard conscience qu’ils se sont fourvoyés, et en restent définitivement marqués.

 

Prudence donc dans nos emballements de société. Prenons le temps de nous pencher sur le respect de chacun… sans oublier personne.