« Notre discours sur la sexualité vis-à-vis des jeunes est très paradoxal : d’une part on présente la sexualité du côté du plaisir, un plaisir réduit à lui-même, coupé de la procréation et de l’amour, et d’autre part on leur dit : attention, l’amour c’est dangereux, ça donne la mort. On leur laisse voir des films mêlant sexualité et violence, mais dans la vraie vie ces actes sont réprimés pénalement. Comment voulez-vous qu’ils s’y retrouvent ?

Une éducation affective et sexuelle

Quant à lutter contre le porno, oui, mais il faut surtout lutter contre ses effets par une éducation affective et sexuelle. D’abord ne pas trop en faire. À trop parler du danger de la pornographie, cela finit par avoir des effets inhibant, je le constate en conseil conjugal. Le message à faire passer est le suivant : ce que l’on voit dans les films pornos, ce n’est pas de la sexualité, c’est de la génitalité.

Nous organisons des groupes de paroles d’adolescents, séparés dans les collèges et mixtes dans les lycées. Aux garçons, je fais faire une sorte de tri sélectif entre ce qui relève du porno et ce qui relève de la sexualité. Je leur explique que le porno, c’est faux, ce sont des trucages… Ils sont intéressés par la sexualité adulte, plus relationnelle. Après on essaie d’aller plus loin : qu’est-ce qu’un homme, qu’est ce qu’une femme, le respect des différences, à quoi ça sert d’être sexué…

Les filles, comme le souligne le rapport Jouanno, sont devenues très sexualisées ; elles sont parfois complètement désinhibées, s’expriment de façon très crue. Elles s’intéressent aux techniques, se renseignent sur Internet, s’inquiètent de ne pas y arriver… et elles initient les garçons. En même temps, elles gardent un côté romantique.

Décodage des attentes des filles et des garçons.

Nous les faisons dialoguer dans les groupes mixtes. Les filles disent aux garçons : “Vous ne vous rendez pas compte de ce que vous faites !” Réponse de ceux-ci : “Vous nous allumez ! Et une fois que vous avez ce que vous cherchez vous pleurez”. Ils ne comprennent pas que les filles veulent surtout une relation, à travers le sexe. Bref, nous faisons un travail de décodage des attentes mutuelles.

Le principal défi, aujourd’hui, c’est de former des éducateurs. Nous en manquons cruellement. Au Cler, nous avons mis au point le stage “Pasaj” : Parler d’amour et de sexualité aux jeunes, destinés aux infirmières scolaires, aux équipes pédagogiques quelles qu’elles soient, à tous ceux qui sont en contact avec les jeunes.

Parlons  de la beauté de l’amour

Nos interventions s’articulent autour de quatre axes :
– écouter, rejoindre le jeune dans ce qu’il vit, faire preuve d’empathie ;
– le faire réfléchir. Ils ont souvent du bon sens ;
l’informer. Par exemple : La prévention purement hygiéniste (« si vous devez avoir une relation sexuelle, protégez-vous ») a été interprétée comme un feu vert. Ils ont compris : « On peut y aller ! ».
– ouvrir l’avenir, éventuellement aiguiller vers des lieux d’accueil s’il y a des problèmes.

Et surtout, cessons de ne parler que des dangers de la sexualité, parlons aussi de sa beauté, de la finalité de l’amour ! Montrons aux jeunes ce que c’est que l’amour ! »

·         famillechretienne.fr

·         13/03/2012

·         Par anta

 

 

 

(1) Rapport remis le 5 mars par la sénatrice Chantal Jouano à Roselyne Bachelot, ministre des Solidarités et de la Cohésion sociale.