La France a été la première à s’en inquiéter : mi-septembre, la Direction générale de la Santé (DGS) et l’Agence française sanitaire des produits de santé mettaient en garde contre l’utilisation du produit dénommé MTP Kit. Il s’agit en fait de 5 pilules (4 de misoprostol et 1 de mifepristone) utilisées en combinaison pour provoquer un avortement médicamenteux. Ce kit illicite, commercialisé par la société Cipla, ne dispose d’aucune autorisation de mise sur le marché et ne répond pas aux normes de qualité, de sécurité et d’efficacité indispensables, tranche la DGS française. En Belgique, l’Agence fédérale des médicaments et des produits de santé n’a pas encore enregistré de plaintes. Mais on est conscient du danger potentiel.

De son côté, la Fédération des centres de planning familial (FCPF) des Femmes prévoyantes socialistes condamne fermement la vente sur internet de ces faux kits IVG. L’avortement reste un tabou dans beaucoup de familles, mais aussi chez certains professionnels de santé, dans l’opinion publique; on retrouve un sentiment de culpabilité chez les patientes qui sollicitent une interruption volontaire de grossesse, relève la FCPF. "Il n’est dès lors pas étonnant que certaines femmes soient tentées de se tourner d’abord vers internet. Derrière un écran, on ne les jugera pas".

Depuis la loi Lallemand-Michielsen, votée le 3 avril 1990, les femmes en situation de détresse peuvent avorter jusqu’à 12 semaines de grossesse (14 semaines d’aménorrhée ou absence de règles) en Belgique. L’interruption volontaire de grossesse, pratiquée en toute sécurité, est prise en charge par la sécurité sociale - seuls 3,60€ restent à charge de la patiente.

En 2009 - derniers chiffres disponibles auprès de la commission nationale d’évaluation de la loi IVG -, 18 870 femmes ont subi un avortement; les trois quarts par la méthode d’aspiration et 17,2 % en absorbant la pilule abortive mifepristone (contre 15,4 % en 2008), qui s’obtiennent exclusivement dans les centres de planning et dans les hôpitaux.

Les escrocs qui opèrent sur internet traquent clairement les jeunes filles qui pour une raison X ou Y n’osent pas parler de leur grossesse, ont peu d’informations et/ou d’accès au réseau de santé et cherchent une solution rapide à leur "problème".

Mais l’avortement médicamenteux, qu’on ne peut pratiquer au-delà de 7 semaines de grossesse, doit absolument se faire sous contrôle médical, insiste la sénatrice SP.A, Marleen Temmerman, gynécologue à l’UZ Gent. "Il faut d’abord établir un diagnostic : vérifier que la patiente est enceinte, qu’il ne s’agit pas d’une grossesse extra-utérine, dater la grossesse". S’assurer aussi que la (jeune) femme ne prend pas de drogues, qu’il n’y a pas de contre-indications, comme une affection cardiaque ou des troubles de la circulation, etc.

La procédure fixée par la loi est claire : une semaine après le premier rendez-vous - délai de réflexion imposé -, la patiente prend, en présence du médecin du planning ou de l’hôpital, un premier médicament - la mifepristone - qui a pour effet d’arrêter le développement de la grossesse. Deux jours plus tard, elle absorbe un second produit - le misoprostol -, qui provoque des contractions et une fausse couche. Elle reste sous contrôle médical pendant plusieurs heures. L’expulsion se produit parfois jusqu’à 48 heures après la prise du second médicament.

Les femmes qui se procureraient des fausses pilules abortives sur le net s’exposeraient donc à des risques graves : nausées, tremblements, hémorragies causées par un usage inapproprié ou un mauvais dosage. Sans compter les effets désastreux au niveau psychologique : "Les patientes, et certainement les jeunes filles, ont besoin d’être accompagnées pour prendre une telle décision", souligne le professeur Temmerman .

La Libre.be

An.H.

Mis en ligne le 06/10/2011

Commentaire de RYL:

Nouveau coup d'accélérateur sur l'avortement.

Plus que jamais, il est urgent de mettre l'accent sur la prévention, grâce à une information complète, exacte et honnête des jeunes !