Visiblement "boostés" par le succès de la marche organisée hier par un collectif de jeunes, pluraliste et bilingue, Anthony Burckhardt et ses amis ont d’ores et déjà fixé rendez-vous à l’an prochain pour une 3e édition d’une initiative qui "est loin d’être une tentative des milieux extrémistes et intégristes".

Certes, reconnaissait l’organisateur avant le départ de la marche, "il y a eu l’an passé, et il y aura certainement aussi cette année-ci, des personnes d’extrême droite dans la manifestation, mais il faut savoir que notre collectif n’est pas de ce bord. Nous sommes pour la justice sociale et contre la peine de mort. Cela trouble sans doute certains militants laïcs, mais nous défendons pleinement les droits de l’homme...".

De fait, dans la foule, tout comme les agents qualifiés de la police de Bruxelles, nous avons identifié quelques militants du mouvement "Nation" et au moins deux députés du Vlaams Belang, mais l’on serait de fort mauvaise foi en parlant de récupération par l’extrême droite. De même, s’il y avait un certain nombre de catholiques, clercs et laïcs, proches de la mouvance de Mgr Lefebvre, les mots d’ordre demandant une neutralité de la marche ont été pleinement respectés.

Autre constat: l’on n’a évidemment pas recensé chaque manifestant un à un, mais la marche fut incontestablement représentative de toutes les communautés de notre pays. Avec aussi une série de représentants directement concernés et impliqués de plusieurs pays européens. Parmi eux, Philippe Isnard, un enseignant du lycée de Manosque (France), qui s’apprête à être radié par l’Education nationale tout simplement parce qu’au cours d’éducation civique, il a abordé la question de l’opposition à l’IVG. "A la limite, je suis pour le libre choix, mais j’estime que les catholiques doivent aussi pouvoir donner leur avis sur les excès des avortements. La République française, qui se targue d’être la patrie des droits de l’homme, pratique la ségrégation..."

A noter qu’alors que presque tous les évêques avaient apporté leur soutien à la marche, seul Mgr Léonard représenta finalement la hiérarchie catholique belge. Appelé par les jeunes organisateurs à conclure la journée parmi d’autres devant le Palais de Justice de Bruxelles, où les participants ont déposé une rose dans une ambiance marquée par une rare dignité, l’archevêque de Malines-Bruxelles, ému et content, s’est réjoui du succès de la marche, mais aussi de la portée positive de tous les messages délivrés: "C’était une manifestation pour que l’on améliore le sort des femmes et pas pour les condamner. De même, comment ne pas se réjouir du caractère éminemment pluraliste de la marche? Logique, puisque le drame de l’avortement interpelle tout le monde, les croyants comme les non-croyants." Et le primat de Belgique d’en appeler "à la promotion de l’imagination dans l’amour" en espérant que "la lumière finira par éclairer les consciences de nos décideurs politiques"...