Vos copines ont parlé de leurs exploits, mais non de leurs déceptions. Car, toutes les fois que ces flirts éphémères se sont terminés par des larmes, de douloureuses séparations ou des rejets humiliants, elles ne l’ont peut-être pas crié sur les toits.

Depuis le temps (des décennies) que j’écoute des jeunes, je peux dire que jamais je n’ai vu souffrir autant. Autrefois, ils piaffaient d’impatience, c’est vrai, désirant connaître les grandes heures de l’amour. Aujourd’hui, ils se précipitent dans des relations précoces, se brûlent les ailes, et même s’il n’y a pas de grossesse (encore que…), ils connaissent les aléas de relations immatures où l’un s’attache profondément quand l’autre se dérobe.
Et si c’est si formidable que cela, pourquoi autant de déprimes ou de suicides de jeunes dans une époque où « ils ont tout » pour être heureux ?

Je veux vous rassurer. Est-on normal parce qu’on est « dans le vent »… comme un fétu de paille ? Exercez votre liberté. Le monde a tant besoin de jeunes qui vont à contre-courant des modes, et ne bêlent pas avec l’ensemble d’un troupeau téléguidé par des idéologies douteuses et rampantes.

Revendiquez le droit de vivre un amour qui sait patienter !

Seule, vous pourrez difficilement remonter le courant. D’autres jeunes vivent, comme vous, le même idéal, les mêmes questions, et sans doute les mêmes souffrances. Ce n’est que dans la mesure où vous saurez vous réunir (les JMJ l’ont magnifiquement montré) que vous pourrez suivre une autre voie que celle de la facilité. Une voie exigeante, mais exaltante. Non pas en réaction contre le laisser-aller général, mais avec le souci de rechercher ce qui est le mieux pour vous. Pour découvrir des relations garçons filles enrichissantes, épanouissantes.

Et puisque, dit-on, il n’y a plus de normes, que chacun est libre de faire sa norme, avec d’autres amis, « revendiquez » le droit de vivre un amour qui sait patienter pour être plus fort, un amour qui sait respecter pour être plus satisfaisant, un amour qui cherche à découvrir ces lois du cœur (ces normes authentiques !) que le Créateur de l’amour a instaurées pour le plus grand bonheur de ceux qu’Il a faits précisément à son image.

Je sais combien les normes morales en matière sexuelle ont évolué. Au point que la fille et a fortiori le garçon qui n’a pas de vie sexuelle avant 17-18 ans, que les fiancés qui ne cohabitent pas avant leur mariage, font figure de fossiles. Ces normes sont d’autant plus contraignantes qu’elles sont tacites, diffuses. Elles exercent parfois un véritable terrorisme sur les consciences, et déstabilisent les plus convaincus.

 

« Bien sûr, que j’ai une vie sexuelle », disait un garçon de 16 ans… avant d’ajouter, tout bas, en se détournant : « En fait, non, je n’en ai pas, mais je suis obligé de dire ça, pour ne pas passer pour un débile ! »

Progressivement, ces « normes » ont gagné le monde des adultes, et nombreux sont les parents qui n’hésitent plus à offrir une chambre au jeune couple de leur adolescent(e) : « Que voulez-vous… comment faire autrement ? Nous préférons les voir chez nous qu’à l’hôtel » !

 

Reconnaissons qu’autrefois la morale des parents était souvent fondée sur la peur de l’enfant : on ne laissait pas sortir ses filles de peur d’une grossesse surprise. Aujourd’hui, on raisonne souvent dans la même optique : du moment que la fille prend la pilule, rien à craindre, elle peut vivre ce qu’elle veut.

L’enfant possible était autrefois le clignotant qui révélait la gravité de la relation sexuelle. Heureusement, il existe encore des parents, et des jeunes, qui savent qu’il ne s’agit pas d’un acte banal, mais d’un acte profondément engageant, même si l’enfant est évité.

Assez de souffrir et de faire souffrir !

 

 

Père Denis Sonet

Famille Chrétienne 18/11/2000