Homoparentalité
Par Benedicte De Wagter le mardi, octobre 6 2009, 14:41 - gender - Lien permanent
Vers la fin du mois d’août, Le Vif l’Express consacrait 8 pages à un dossier intitulé : « Les homoparents réinventent la famille ». (1) Laurence van Ruymbeke y constatait que, « confrontés à l’impossibilité de faire eux-mêmes un enfant, les couples de même sexe s’appuient désormais sur les techniques médicales pour y remédier. Ou créent des familles à parents multiples. Sans le vouloir, ils forcent ainsi la société à s’interroger sur ses valeurs fondamentales » (2) Coparentalité au carré (quatre pères et deux mères pour deux enfants), mères porteuses…de nombreux cas y étaient évoqués. Jehanne Sosson, avocate et professeure en droit de la famille à l’
Ce sujet extrêmement médiatisé et délicat demande d’être traité avec nuances et dans le plus grand respect des personnes et des situations diverses. Les opinions à ce sujet sont variées !
Néanmoins, Béatrice Bourges, juriste , tire la sonnette d’alarme dans son livre :
« L’Homoparentalité en question : et l’enfant dans tout cela ? » (4), en se demandant avec insistance si le principe de précaution est bien respecté par rapport au respect de l’enfant.
Elle nous y pose quelques questions essentielles et désamorce certains slogans.
Soucieuse que l’on occulte « l’enjeu de filiation, pourtant fondateur pour l’enfant de sa raison d’être,…. au profit d’idées convenues, pour la seule raison qu’elles seraient dans l’air du temps » ( p. 10), Béatrice Bourges tente par ce livre de parler au nom de l’enfant. Elle cherche à porter un regard non-idéologique sur certaines questions fort débattues à ce sujet.
« Je ressens comme un devoir le fait de dire haut et fort combien il est coupable de vouloir délibérément priver un enfant de son père ou de sa mère. Si la vie des enfants est parfois cabossée par des accidents, il est inutile de les provoquer dès le départ ». Son étonnement est grand de constater combien des « sujets qui pourtant ne concernent qu’une partie infime de la population, soient soudainement devenus centraux. »
En renouvelant notre regard sur certaines questions, elle réaffirme fortement combien « revendiquer le droit à l’enfant, c’est bafouer le droit de l’enfant » (p 15)
Pourtant, tant de sommités se prononcent sans ambiguïté : l’enfant a besoin d’un père et d’une mère pour se construire mieux ! Pourquoi dès lors abandonner si rapidement le plus élémentaire principe de précaution ?
Qu’affirme-t-on à ce sujet et que valent ces arguments ?
1) « Plusieurs milliers d’enfants sont en attente d’adoption et mieux vaut pour eux être adoptés par un « couple » homosexuel que de rester dans un orphelinat »
Or en fait, il y a beaucoup moins d’enfants à adopter que de couples en demande.
(pp 27 à 29). On ne ferait donc qu’aggraver le problème.
De plus, « l’enfant adopté doit assumer les traumatismes simultanés de l’abandon et de la double identité familiale. Plus qu’un autre, il a besoin d’une filiation biologique logique…au plus près de la cellule de base qui lui a donné la vie » (p 30) et l’homoparentalité « lui impose une deuxième déchirure. »
2) « Le plus important, c’est l’amour. Un « couple » homosexuel peut donner beau-
coup d’amour, parfois même plus qu’un couple hétérosexuel. »
Or l’amour est essentiel, mais ne suffit pas pour structurer un enfant, qui a besoin de se situer dans une généalogie à double lignée, celle du père et celle de la mère.
La conscience de la différence sexuelle et de la différence de génération sont indispensables pour une structuration harmonieuse. Toute l’affection du monde ne peut pas produire ces structures psychiques de base qui répondent au besoin de l’enfant de savoir d’où il vient et à qui il ressemble.
Le problème que pose alors l’homoparentalité est de faire exister l’enfant en-dehors de la réalité des corps.
3)« Les études disent qu’il n’y a pas de différence entre les enfants élevés par les
« couples » homosexuels et ceux élevés par les couples hétérosexuels »
Or plusieurs experts dénoncent le manque de fiabilité et de rigueur scientifique des études utilisées par les militants homosexuels, et dénoncent leur caractère biaisé.
D’autres études sérieuses évoquent par contre des problèmes psychologiques, en particulier la faible estime de soi, le stress, l’insécurité quant à la vie future, la crainte d’avoir des enfants, des troubles d’identité sexuelle et de conduite (drogue, troubles dans la conduite alimentaire ou échec scolaire).
En l’absence d’unanimité sur un sujet de cette gravité, il semblerait impératif d’appliquer le principe de précaution.
4) « L’homoparentalité existe de fait : des centaines de milliers d’enfants sont éle-
vés par des « couples » homosexuels. Il faut donc créer un cadre juridique pour
les protéger. »
Or les enfants élevés par des «couples » homosexuels sont nés, comme tous les autres enfants, d’un père et d’une mère et bénéficient d’une protection juridique analogue àux enfants des familles recomposées.
En France, il s’agirait de 0,2%. Or la loi devrait d’abord servir l’intérêt général .
5) « Les homosexuels sont victimes de discrimination. Ils doivent avoir, comme les
hété rosexuels, le droit de se marier et d’avoir des enfants. »
-« Les hommes naissent libres et égaux en droit ». Cela vaut pour tout le monde.
Mais le mariage n’est pas uniquement la reconnaissance d’un amour (sinon, pourquoi
pas accepter la bigamie, fê/hô déjà marié , frère/sœur…). N’est-il pas étrange que ce soient souvent ceux qui prônent l’union libre, et considèrent le mariage comme l’héritage absurde d’une société trop classique et aliénante , qui orchestrent le combat pour le droit au « mariage » homosexuel ?
- En ce qui concerne le droit à la filiation, on ne peut que déplorer que « l’enfant souffre
aujourd’hui d’un statut d’objet de consommation » et soit donc instrumentalisé.
- S’il y a une discrimination, ce sont les enfants qui en sont les premières victimes,
puisque les adultes décident arbitrairement que certains ont droit à un père et à une
mère quand d’autres en sont privés.
6)« Il n’y a pas de différence réelle entre les hommes et les femmes. Le droit à l’adop-
tion homosexuelle est justifié au regard de la « gendre theory » et « queer theory ».
Or dire qu’on ne se définit plus par son sexe est une construction culturelle qui effa-
ce les dimensions biologique et anatomique. Les identités sexuelles disparaissent au
profit des individus, qui ne cessent de se fabriquer et se refabriquer dans leur rapport aux autres (cfr pp 87 à 95).
Ces théories affichent clairement leur volonté de détruire le modèle familial existant,
vécu comme un conditionnement social et un obstacle à la réalisation de son « moi
profond ».
Et l’auteur de conclure : « Mon seul parti pris est celui de l’enfant ! J’ai voulu donner la parole à ceux qui sont les plus concernés par toutes ces questions et qui sont, paradoxalement, les moins consultés….C’est en leur nom que j’ai voulu ...alerter la société sur les risques éventuels dont ils pourraient être les victimes…Il est indispensable de respecter le principe de précaution, et de ne pas s’engager sur des voies dont on ne connaît pas les issues. »
(1) LE VIF L’EXPRESS n° 3032 du 14 au 20 août 2009. pp 32 à 39
(2) Idem p. 32
(3) Idem p. 38
(4) Béatrice Bourges « L’homoparentalité en question. Et l’enfant dans tout cela ? »
Editions du Rocher. 2008
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