A propos de la vaccination contre le cancer du col de l’utérus( par le groupe NFP Rötzer)
 
Une nouvelle campagne de publicité recommande aux femmes de se faire vacciner contre le cancer du col de l’utérus. La chambre austrichienne des médecins et d’autres instances soutiennent cette campagne, et dans ses recommandations de vaccination, le gouvernement autrichien en mentionne les effets positifs. Le public nous adresse cependant des demandes pour savoir ce qu’il vraiment faut en penser.
Pour ces vaccinations, le marché propose les vaccins GardasilR et CervarixR produits respectivement par Sanofi/Merck et Glaxo-Smith-Kline. Ils visent certains virus de papillomes [HPV] qui interviennent de manière décisive dans le développement du cancer du col de l’utérus. Le GardasilR est un vaccin tétravalent et immunise contre les virus HPV6 et HPV11 (responsables de changements bénins dans la zone anogénitale) et contre les virus HPV16 et HPV18 (qu’on associe au carcinome cervical). Le CervarixR est un vaccin bivalent contre HPV16 et HPV18. Actuellement, la vaccination de base (trois vaccinations partielles) au GardasilR coûte env. 465 €. Il s’agit d’une offre promotionnelle des pharmacies, qui n’est pas encore remboursée par les caisses-maladie autrichiennes (d’ores et déjà, la caisse-maladie AOK du Bade-Wurtemberg la prend en charge). Cette vaccination s’adresserait aux filles et aux garçons âgés de 9 à 17 ans, suite à une consultation médicale. Tous les cinq ans, des vaccinations de rappel devraient être faites ; cependant les experts n’ont pas encore trouvé de consensus sur l’espacement recommandé entre ces vaccinations de rappel.
 
Commençons par quelques données sûres : Sous nos latitudes, le carcinome cervical est un phénomène relativement rare (de 12 à 14 cas annuels par 100'000 habitants). Cela est certainement dû au fait que nombre de femmes se soumettent d’elles-mêmes à des contrôles réguliers chez leur médecin. Par le passé, cette forme de cancer était plus répandue ; les méthodes actuelles permettent la guérison dans 70% à 75% des cas. En Allemagne, le taux annuel de mortalité dû à cette forme de cancer atteint 3 à 4 personnes par 100'000 habitants [1].
Entre 80% et 90% des femmes atteintes de carcinome cervical présentent une infection de vi papilloma-virus principalement des types 16 et 18. Selon la littérature spécialisée, le taux d’infection par le virus HPV varie fortement d’un pays à l’autre. Certains pays africains et d’Amérique centrale connaissent des taux élevés [2,3], qu’on retrouve chez des étudiantes d’université des USA (taux d’env. 50%). A Taïwan, ce taux n’atteint que 7% [4]. Pour ce qui est de l’incidence  du type 16 et du type 18 pouvant provoquer le cancer, elle est plus faible. On trouve d’autres types parmi les plus de 100 types différents du virus, par ex. les types 6 et 11, notamment associés à des maladies bénignes comme les condylomes anogénitaux.
Il est bien vrai que la vaccination contre le carcinome cervical permet de prévenir une telle infection [5]. Or, qu’advient-il de 100 personnes infectées de l’HPV ? Spontanément, après une année, environ 80 personnes ne présentent plus de virus, alors que les 20 restantes développent une néoplasie intraépithéliale (forme précoce d’un cancer). Cependant, seules 2 sur les 20 personnes développeront à un moment ultérieur (après des années, voire des décennies) un cancer du col de l’utérus.
Si on veut mieux mettre en évidence le risque réel que présentent les carcinomes cervicaux et l’efficacité tout à fait correcte des vaccins contre une infection HPV, on examinera en détail une étude pour laquelle on a pris 2'391 femmes âgées de 16 à 23 ans qui ont randomisées  en deux groupes. Le premier groupe a reçu le vaccin HPV 16, alors que le deuxième groupe a reçu un placebo. Quatre ans plus tard, aucune femme des deux groupes n’avait
développé  de  cancer  du  col  de  l’utérus.  Parmi  les  femmes  ayant  reçu  le  placebo,
12 présentaient une forme précoce de cancer, alors qu’aucune des femmes vaccinées n’en présentait [5]. Lorsqu’on examine les infections au HPV 16, un total de 111 personnes ayant reçu un placebo en étaient affectées, mais seules 7 des personnes vaccinées. Dans cet ordre d’idées, il convient toutefois de relever que parmi les personnes infectées par le virus, les 80% guérissent spontanément, alors que seulement 2% auront le cancer bien des années, voire des décennies plus tard.
Partant, on peut affirmer de manière réaliste et honnête que plus de 99%98 % des femmes sont vaccinées inutilement contre les virus HP.
 
En tenant compte de ces faits et chiffres, il n’est actuellement pas nécessaire que des jeunes filles et des femmes vivant sous nos latitudes se fassent vacciner contre les  papilloma-virus, surtout pas à de jeunes âges compris entre 9 et 14 ans [4]. En effet, cette vaccination est sujette à discussion, aussi bien sur le plan de l’utilité médicale que sur celui de la politique de la santé. C’est comme si on prescrivait à titre préventif des médicaments à tous les hommes pour réduire le niveau de cholestérol, dans l’espoir de baisser le nombre d’infarctus du myocarde. Il est donc étonnant que certaines caisses-maladie en Allemagne remboursent cette prestation fort coûteuse. Voici quelques comparaisons : La première vaccination contre le virus HPV coûte environ 500 euros, le prix d’une vaccination pour prévenir la grippe se monte à 17,50 euros et une vaccination contre l’encéphalite du début de l’été provoquée par les tiques coûte 22,50 euros (prix pharmacie en Autriche). Rien qu’en Autriche, quelque 760'000 jeunes filles et femmes âgées de 15 à 30 ans pourraient théoriquement recevoir cette vaccination [7]. De surcroît
, de telles vaccinations systématiques ne rendraient pas superflusles contrôles médicaux réguliers à titre préventif.
Le carcinome cervical est une maladie sexuellement transmissible (MST) (chez les religieuses, cette maladie est inconnue). Comme par le passé, la meilleure méthode et aussi
la méthode la plus sûre de prévenir le cancer du col de l’utérus consiste à ne pas avoir plusieurs partenaires et à ne pas changer fréquemment de partenaire.
 
 
Littérature
 
1.
                Schneider A, Wendt TG, Meerpohl HG. Zervixkarzinom. In : Schmoll HJ, Höffken K, Possinger K (Hrsg) : Kompendium Internistische Onkologie (4. Auflage), Springer Verlag, Teil 2, p 4616-4743 ; 2006
 2.
                Fanta BE. The distribution of Human Papilloma Virus infection in women with cervical historical abnormalities from an area with high incidence of cervical cancer. Ethiop Med J, 43 : 151-8 ; 2005
 3.
                Ruland R, Prugger C, Schiffer R, et al. Prevalence of human papilloma virus infection in women in rural Ethiopia. Eur J Epidemiol 21 : 727-9 ; 2006
 4.
                Chen CJ, Viscidi RP, Chuang CH, et al. Seroprevalence of human papillomavirus types 16 and 18 in the general population in Taiwan : Implication for optimal age of human papilloma-virus vaccination. J Clin Virol 38 : 126-130 ; 2007
-Mao C, Koutsky LA, Ault KA, et al.
Efficacy of human papillomavirus-16 vaccine to prevent cervical intraepithelial neoplasia : a randomized controlled trial. Obstet Gynecol 107 : 18-27 ; 2006
 5.
                zur Hausen H. Viruses in human cancer. Science 254 : 1167-73 ; 1991
 6.
                Statistik Austria 2006.
 
 
Professeur Dr Walter Rhomberg, Prim. retraité              Bludenz (Autriche), février 2007
Radiooncologue

 

Avis de « Respect Youth Love »

 

La découverte de ce vaccin représente une remarquable avancée de la science dont il faut se réjouir. Il semble judicieux de l’appliquer à toute une catégorie de jeunes dont on peut prévoir les comportements à hauts risques dans le domaine de leur vie sexuelle. Mais en y regardant de plus près, il semblerait qu’une vaccination systématique pourrait avoir des effets pervers . Le principe de précaution demanderait donc qu’avant de le commercialiser à outrance, on s’interroge plus avant sur quelques questions du type :

-les jeunes ne se sentent-ils pas exagérément protégés par ce vaccin ?

-sont-ils vraiment mieux protégés que par un dépistage traditionnel ?

-n’y a-t-il aucun effet secondaire sous-évalué ? ……