1. Des origines à 1970, la lutte contre la mort ; de 1720 à nos jours, la lutte contre les naissances. Les conduites sexuelles et conjugales qui répondaient jusqu’alors à l’impératif du remplacement des générations, mettent ensuite la limitation des enfants au premier plan.

  2.  Le système matriarcal et matrilinéaire paraît être l’organisation première des sociétés humaines. Mais il est porteur de violence, car pour devenir lui-même, l’enfant doit sortir violemment de sa relation fusionnelle avec sa mère. C’est cette violence qui fait adopter plus tard le patriarcat : celui-ci promeut la différence, structure la société par la loi et le droit, et assure à l’enfant d’avoir deux parents.

 

  1. Le revers de la médaille étant le risque de statut d’infériorité, au moins juridique, de la femme dans une société patriarcale, nous connaissons récemment un retour vers une situation originelle avec la révolution féministe. Ceci ramène la violence chez les jeunes privés de lois et d’image paternelle ferme. « Ce n’est pas toujours le chômage qui crée la violence.., mais dans bien des cas, elle est la conséquence de l’absence du tiers séparateur qu’est le père. La violence est très souvent due à la déstructuration du couple….et à la néantisation du père. » (p.212)

 

  1. A partir de la première guerre mondiale, le mariage d’amour remplace enfin le mariage de convenance et d’intérêt. « On se marie désormais parcequ’on s’aime, et plus parcequ’on a du bien. La demande de l’Eglise qu’il y ait de l’amour dans le couple devient…quelque-chose de réel. »( p 171) Avec l’allongement de la durée de vie, la dimension conjugale va devenir plus importante que la dimension parentale, puisque le couple se retrouvera seul au départ des enfants. De  1945 à 1960, le taux de nuptialité en France a battu tous les records. L’idéal d’un mariage équilibré, avec des enfants et un vrai bonheur conjugal a le vent en poupe .

 

  1. Mais petit à petit, avec la montée du matérialisme, monte le refus d’une ascèse imposée et de tout interdit : c’est le slogan de mai ’68 de « jouir sans entraves ». Désormais se lève un vent de libéralisme, qui vise de plus en plus à l’exploration sans frein de toutes les possibilités.

    « Crise de l’ascèse, caractéristique d’une société de prospérité persuadée que l’interdit est castrateur » (p.183) Le tabou du plaisir est supprimé, mais on le remplace par le tabou de l’enfant (généralisation de la contraception et de l’avortement).

 

  1. Nombreux sont ceux qui nous mettent en garde contre cesexcès inverses. La civilisation de la contraception a pour résultat de discréditer la famille nombreuse, de fixer la sexualité à un stade adolescent et de mener à la confusion des sexes (sans compter les problèmes de santé publique, systématiquement  niés par les tenants de l’idéologie ambiante (ndlr)). Effectivement quarante ans après, chacun se plaint des  interminables adolescences, des avortements qui ne cessent d’augmenter chez les jeunes, du lobby médiatique des mouvements homosexuels. Le tricot social se détricote.

    « La médicalisation et la technicisation des rapports sexuels font qu’aujourd’hui le bonheur est en fuite parce que le corps humain n’est plus respecté ». (p.192) Du plaisir tu, on passe au plaisir crié, lié ici au mythe de la jeunesse perpétuelle. L’engagement et l’accueil d’enfant se font à un âge de plus en plus tardif. Le sida vient cruellement rappeler que le vagabondage sexuel peut apporter le malheur et la maladie (les antibiotiques qui avaient vaincu les MST l’avaient fait oublier).

 

  1. Mai 68 n’épargne évidemment pas le mariage. En reprenant les vieux thèmes d’amour libre et de subjectivité triomphante, on prône la conviction que le mariage est au fond un carcan aliénant, qui empêche d’aimer comme on veut !

    Le couple repose sur la seule affectivité, en oubliant que le sentiment n’est qu’une des composantes de l’amour, à laquelle il faudrait ajouter la nécessaire compréhension de l’autre, la volonté de durer et de partager les goûts, et un idéal commun. On peut néanmoins constater que le couple monogame continue à rester majoritaire.

 

  1. Il existe aussi une misère affective dans l’éducation affective des jeunes. On note le passage d’un système de pensée idéaliste et naïf à un autre réaliste et sordide. « Il est certain que l’éducation sexuelle actuelle reste insuffisante. Elle devrait être sexuelle « et » affective. J’insiste sur le « et », car l’imaginaire ne peut se passer du rêve et de la dimension du cœur. » (p.227) « Comme l’éclatement des familles, suite aux divorces, se poursuit, l’éducation sexuelle par des parents séparés ou par un seul des deux apparaît plus difficile quand elle ne devient pas un contre-modèle. L’image brutale prend alors le relais. Nous sommes devant une situation inédite de misère sexuelle et affective de la majorité des jeunes. Il nous appartient de mettre sur pied un projet éducatif respectueux des consciences, des cœurs et des corps. » (p.228)

 

Conclusion : « Il est possible de construire un système de rapport homme-femme à la fois ancien et nouveau. La liberté du choix, la fidélité, l’amour pour toujours, l’acceptation de l’autre sexe dans sa différence, le respect des enfants, toutes ces aspirations profondes contituent un ensemble de notions naturelles et acquises au fil des siècles…. » (p. 230) C’est ce qui permettrait un nouvel apogée .

Pour cela, il faudrait une redécouverte de l’authentique communication dans le couple,

Et approfondir que égalité n’est pas identité ! Car, « malgré les contorsions intellectuelles des partisans de la théorie du gender, il est de plus en plus évident que l’autre sexe est différent. » (p.234)

 

Il nous reste donc un continent inconnu à découvrir, celui ducœur, pour créer un couple de mutuel service. « Apprendre à aimer, telle est la tâche du XXI è siècle. Apprendre enfin à utiliser le temps pour construire le couple, car tout est histoire. Et la différence en a besoin pour être apprivoisée. » (p.235)