Mainstreaming signifie prendre un concept et créer un courant porteur général dans la société à travers une action politique : créer la nouvelle personne « genrée ». Avant cette réinterprétation, le genre était un terme grammatical décrivant le genre d’un mot comme masculin, féminin ou neutre, alors que le sexe précisait l’identité masculine ou féminine d’une personne. Le but du genre est d’abolir cette identité. C’est un système de valeurs clos qui affirme que la différentiation en deux seuls sexes est une création sociale. Les différences biologiques n’auraient aucun impact sur l’identité d’un être humain et son orientation sexuelle, si bien que le sexe social pourrait différer du sexe biologique. Choisir son propre sexe et son orientation sexuelle appartiendrait au domaine de la liberté personnelle de chacun. Il n’y aurait pas seulement deux sexes, mais au moins six : homme et femme et chacun dans la version hétérosexuelle, homosexuelle et bisexuelle. Il s’agit de créer une personne affranchie de la nature.

 

Cette entorse à la vérité, ce mépris de la nature a ses bases philosophiques dans le relativisme qui nie la perception de la vérité objective (plus sur le relativisme : http://www.europe4christ.net/index.php?id=95 ). La vision utopique de Marx et Engels d’une société sans classes sociales visant l’égalité de tous les hommes puise elle aussi ses sources dans cette idéologie. Engels écrit : « les premiers différents entre les classes qui virent le jour dans l’histoire coïncident avec le développement de l’antagonisme entre homme et femme au sein du mariage monogame, et la première oppression fut celle de la femme par l’homme. ». Simone de Beauvoir ne se satisfit pas de son combat pour l’égalité entre les hommes et les femmes, mais tenta de nier l’essence même de l’homme et de la femme dans leur sexe biologique.  Elle formula la célèbre phrase : « on ne naît pas femme, on le devient. ». Il est typique de notre temps de renier la pertinence existentielle, sociale et culturelle de l’identité biologique de notre sexe à travers le « social engineering » et d’annihiler l’identité de l’homme et de la femme développée pendant des milliers d’années par une révolution culturelle partant du sommet vers la base. Lorsque l’identité biologique de l’homme et de la femme est déconstruite, il n’y a rien pour freiner la déconstruction des rôles sociaux et des institutions. Comme il n’y a aucun domaine dans la société qui soit libre de l’influence de la sexualité bipolaire, tous les domaines deviennent des cibles pour cette décomposition: mariage, famille, paternité/maternité, éducation, langue, travail, culture, religion. Cela s’appelle « undoing gender » (la déconstruction du genre).

 

Lors de la Conférence des Nations Unies sur la femme à Pékin en 1995, une « plate-forme d’action » avait été adoptée et bien qu’elle ne soit pas obligatoire ou directement applicable selon le droit international, elle a été signée par 191 pays dans les 10 années qui ont suivies et a été mise en œuvre par des démarches politiques concrètes. Un des buts de cette plate-forme est le « 50/50 », égalité entre l’homme et la femme en tout ce qui concerne le domaine du monde du travail et de la vie. Les femmes devraient avoir 50% de tous les emplois ainsi que les meilleures positions, et les hommes devraient passer 50% de leur temps dans le soin aux enfants. Le souci tout légitime de l’égalité des chances est retourné contre l’identité féminine à travers une égalité forcée. La diversité est réinterprétée comme inégalité, et l’inégalité comme injustice.

 

Les souhaits et les visions personnelles des hommes, femmes et enfants ne sont pas pris en compte par les idéologistes. Les mots comme mariage, famille, mère, père ou enfants n’apparaissent même pas dans les documents de la plate-forme. Le gender mainstreaming impose l’idéal de la femme employée sans attaches familiales. Le traite d’Amsterdam (1999, art.2 et 3) parle de l’égalisation des hommes et femmes et de l’élimination des inégalités ; la charte des droits fondamentaux (Nice, 2000, art. 23) a déjà annoncé comme but la sécurisation de l’égalité des hommes et des femmes. Mais les hommes et les femmes ne sont pas égaux, plutôt ils ont des natures différentes qui ne cherchent pas le même but.

 

Le 11 janvier 2006 le parlement européen a adopté la Résolution contre l’homophobie RC-B6-0025/2006. L’homophobie comme aversion à l’égard de l’homosexualité et des personnes lesbiennes, gays, bi- et transgenres, fondé sur des préjugés et comparable au racisme, à la xénophobie et à l’antisémitisme. Des choses différentes sont comparées l’une à l’autre. La sexualité appartient -contrairement à la race, au statut d’immigration ou la religion au domaine moral normatif sur lequel chaque personne dans une société libre et dans sa propre vie privée est libre de choisir. La résolution continue : « d’intensifier la lutte contre l’homophobie, tant par des moyens pédagogiques, en menant par exemple des campagnes contre l’homophobie au sein des écoles, des universités et dans les médias, que par des moyens administratifs, judiciaires ou législatifs » ; toute opposition contre une homosexualisation active de la société est donc criminalisée.

 

Le progrès triomphal du gender mainstreaming depuis 1995 est sans comparaison. Dans la plupart des universités des pays occidentaux on enseigne la théorie du genre. Un agent du genre est présent dans toutes les bureaucraties gouvernementales et au sein des institutions. De nombreux fonds de l’UE et des états membres financent les projets du domaine du genre. Le combat est en fait mené pour la prochaine génération. Dans ce contexte, l’éducation sexuelle joue un rôle crucial. Les élèves des cours élémentaires sont déjà confrontés à des expériences sexuelles précoces à travers les mots et images dans les syllabus officiels et sont entraînés à tout savoir sur les questions de contraception, d’avortement sans que cette option ne doive poser question.

 

L’idéologie du genre est un pas en arrière par rapport à l’époque des lumières et son idéal de rationalité scientifique. L’aspect scientifique de la théorie du genre est exclusivement basée sur le fait que ses protagonistes, presque toutes des femmes, occupent des positions académiques et ignorent les résultats des études sociologiques, psychologiques et du cerveau qui montrent les différences indéniables et le besoin de complémentarité entre le sexe masculin et féminin.

 

Le caractère idéologique du gender mainstreaming apparaît dans ses inconsistances. Le genre s’oppose au mariage entre homme et femme, mais élève légalement la cohabitation homosexuelle au niveau de l’état du mariage. Le genre se bat contre la famille, mais donne le droit aux couples homosexuels d’adopter des enfants. Le genre affirme que le sexe et l’orientation sexuelle sont à choisir librement, mais veulent éliminer toutes informations et possibilités thérapeutiques pour changer une inclinaison homosexuelle.

 

Le gender mainstreaming est une révolution culturelle, avec une exigence totalitaire qui mène à la destruction de la famille et assombrit ainsi le futur des prochaines générations encore plus.

 

Gabriele Kuby, née en 1944, auteur, mère de 3 enfants, vit en Bavière en Allemagne. Elle a étudié la sociologie et participé activement à la révolution étudiante de 1968. Elle écrit des livres entre autres sur la sexualité et le genre.