« Face au sexe facile purement mécanique, à l’image de la femme objet, au tombeau de fausses croyances sur la contraception, aux maladies sexuellement transmissibles ou à l’homophobie ambiante, quelques heures de mise à niveau et de vrai débat, ça ne ferait pas de mal   ! »,  affirme Paul, prof dans le technique. « Je ne sais pas si c’est à l’école, à qui on demande déjà de tout faire – un peu de lutte anti-drogues, un peu de sécurité routière, un peu d’éducation à la citoyenneté, etc. – de leur apprendre à enfiler une capote ou à s’épanouir dans leur couple. On a bien du boulot ailleurs ! », conteste Yves, régent en maths.

Généraliser l’éducation à la sexualité en milieu scolaire ?

Le sujet est dans l’air depuis belle lurette, mais il divise. En 2009, les trois exécutifs francophones PS-Ecolo-CDH, se sont engagés à  « généraliser de manière progressive », des animations baptisées EVAS (pour Education à la Vie Affective et Sexuelle) ou EVRAS (avec le R de Relationnel en plus, comme souhaité du côté chrétien).

Pas question de cours, donc. Mais des modules dispensés via les centres de planning familial, en collaboration avec les centres PMS (psycho-médico-sociaux) et PSE (Promotion de la santé à l’école).

Partout en Communauté française ? A partir de quelle année et à quelle fréquence ? Pour y parler de quoi ? Rien n’est (encore) décidé. Mais le dossier progresse. Les ministres Simonet (Education, CDH) et Laanan (Santé, PS) préparent une circulaire qui devrait entrer en vigueur à la rentrée 2012. Le but   : inciter les écoles à recourir à ce type d’animation abordant la sexualité au sens large (contraception, MST, égalité filles garçons, identité sexuelle, etc.).

« Une concertation est prévue avec le secteur (planning, PMS, PSE, administration…) dès la mi-octobre », dit-on au cabinet Laanan. A ce jour, de nombreuses écoles développent déjà des projets EV(R)AS en leur sein. Combien   ? «   On l’ignore. Un cadastre est en cours. Mais la circulaire à venir ne leur sera en rien préjudiciable   ».

« Quoi qu’il en soit, on est encore loin d’une généralisation de l’EVAS pour tous et partout. Il ne suffit pas d’inciter à…, il faut les imposer ! », réagit Nicolas Menschaert, de la Fédération laïque de centres de planning. Laquelle préconise, avec trois autres fédérations (pluraliste, socialiste et FCPC), mais aussi le CAL ou le Conseil de la jeunesse, que l’éducation sexuelle soit reconnue comme « un droit » et « légalement inscrite dans le programme scolaire ».

On est loin du compte. Un : « La circulaire n’aura pas de force obligatoire », admet-on aux cabinets Laanan et Simonet.

Deux : ces modules ont un coût (budgétaire et humain) qui n’est pas chiffré à ce jour. La Région wallonne et la Région bruxelloise (via la Cocof) entendent dégager plus de moyens pour financer davantage les centres de planning. «   Mais cela ne suffira évidemment pas, dit-on dans le secteur. Si on veut offrir des modules sérieux au plus grand nombre, il faudra faire des choix budgétaires forts ! ».

Reste la question – tout aussi importante, voire polémique – de la fréquence et du contenu de ces modules EV(R)AS. Deux fois 50’ en 6e primaire et deux périodes par cycle en secondaire ? Moins ? Davantage ? Et puis il y a les thèmes à aborder. Plus ou moins restrictifs, selon les conceptions des uns et des autres de la vie affective, (relationnelle), et sexuelle…

Hugues Dorzée  dans Le Soir.be  05/10/2011

Commentaire de RYL :

 

Vous nous voyez tout à fait stupéfaits par l’allusion dans ce texte au R de EVRAS :

« le R de Relationnel, comme demandé du côté chrétien ».

Nos contacts avec des personnalités remarquables musulmanes, juives ou humanistes athées nous montrent pourtant clairement un consensus évident à ce sujet. Faut-il conseiller à nos jeunes de « baiser » avec comme seul souci de « se protéger », ou est-il d’une importance capitale de leur parler plutôt de « relations sexuelles »(tiens : R de Relation !) avec une personne à qui ils seraient liés par un lien affectif ? Il n’y a pas que les chrétiens pour penser à l’évidence que seule une éducation qui ne délaisse pas le relationnel aidera nos jeunes à se construire dans leur vie affective et sexuelle.