La question du mercredi: l’école doit-elle organiser un cours d’éducation sexuelle ?
Par Benedicte De Wagter le mercredi, octobre 5 2011, 19:56 - éducation affective - Lien permanent
Une circulaire en préparation va «inciter» les écoles à prévoir des animations à la vie affective et sexuelle à partir de l’année scolaire 2012-2013. La portée précise de la circulaire n’est pas encore très précise (quels thèmes aborder? à partir de quel niveau d’enseignement organiser ces animations ?…) En attendant, la question est posée : est-ce bien à l’école de se charger de l’éducation sexuelle est affective des jeunes ?
« Face au sexe facile purement mécanique, à l’image de la femme objet, au tombeau de fausses croyances sur la contraception, aux maladies sexuellement transmissibles ou à l’homophobie ambiante, quelques heures de mise à niveau et de vrai débat, ça ne ferait pas de mal ! », affirme Paul, prof dans le technique. « Je ne sais pas si c’est à l’école, à qui on demande déjà de tout faire – un peu de lutte anti-drogues, un peu de sécurité routière, un peu d’éducation à la citoyenneté, etc. – de leur apprendre à enfiler une capote ou à s’épanouir dans leur couple. On a bien du boulot ailleurs ! », conteste Yves, régent en maths.
Généraliser l’éducation à la sexualité en milieu scolaire ?
Le sujet est dans l’air depuis belle lurette, mais il divise. En 2009, les trois exécutifs francophones PS-Ecolo-CDH, se sont engagés à « généraliser de manière progressive », des animations baptisées EVAS (pour Education à la Vie Affective et Sexuelle) ou EVRAS (avec le R de Relationnel en plus, comme souhaité du côté chrétien).
Pas question de cours, donc. Mais des modules dispensés via les centres de planning familial, en collaboration avec les centres PMS (psycho-médico-sociaux) et PSE (Promotion de la santé à l’école).
Partout en Communauté française ? A partir de quelle année et à quelle fréquence ? Pour y parler de quoi ? Rien n’est (encore) décidé. Mais le dossier progresse. Les ministres Simonet (Education, CDH) et Laanan (Santé, PS) préparent une circulaire qui devrait entrer en vigueur à la rentrée 2012. Le but : inciter les écoles à recourir à ce type d’animation abordant la sexualité au sens large (contraception, MST, égalité filles garçons, identité sexuelle, etc.).
« Une concertation est prévue avec le secteur (planning, PMS, PSE, administration…) dès la mi-octobre », dit-on au cabinet Laanan. A ce jour, de nombreuses écoles développent déjà des projets EV(R)AS en leur sein. Combien ? « On l’ignore. Un cadastre est en cours. Mais la circulaire à venir ne leur sera en rien préjudiciable ».
« Quoi qu’il en soit, on est encore loin d’une généralisation de l’EVAS pour tous et partout. Il ne suffit pas d’inciter à…, il faut les imposer ! », réagit Nicolas Menschaert, de la Fédération laïque de centres de planning. Laquelle préconise, avec trois autres fédérations (pluraliste, socialiste et FCPC), mais aussi le
On est loin du compte. Un : « La circulaire n’aura pas de force obligatoire », admet-on aux cabinets Laanan et Simonet.
Deux : ces modules ont un coût (budgétaire et humain) qui n’est pas chiffré à ce jour. La Région wallonne et la Région bruxelloise (via la Cocof) entendent dégager plus de moyens pour financer davantage les centres de planning. « Mais cela ne suffira évidemment pas, dit-on dans le secteur. Si on veut offrir des modules sérieux au plus grand nombre, il faudra faire des choix budgétaires forts ! ».
Reste la question – tout aussi importante, voire polémique – de la fréquence et du contenu de ces modules EV(R)AS. Deux fois 50’ en 6e primaire et deux périodes par cycle en secondaire ? Moins ? Davantage ? Et puis il y a les thèmes à aborder. Plus ou moins restrictifs, selon les conceptions des uns et des autres de la vie affective, (relationnelle), et sexuelle…
Hugues Dorzée dans Le Soir.be 05/10/2011
Commentaire de
Vous nous voyez tout à fait stupéfaits par l’allusion dans ce texte au R de EVRAS :
« le R de Relationnel, comme demandé du côté chrétien ».
Nos contacts avec des personnalités remarquables musulmanes, juives ou humanistes athées nous montrent pourtant clairement un consensus évident à ce sujet. Faut-il conseiller à nos jeunes de « baiser » avec comme seul souci de « se protéger », ou est-il d’une importance capitale de leur parler plutôt de « relations sexuelles »(tiens : R de Relation !) avec une personne à qui ils seraient liés par un lien affectif ? Il n’y a pas que les chrétiens pour penser à l’évidence que seule une éducation qui ne délaisse pas le relationnel aidera nos jeunes à se construire dans leur vie affective et sexuelle.
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