An.H. La Libre Belgique

Mis en ligne le 18/07/2011

Le Crioc s’en inquiète : les jeunes ne sont pas toujours consients des aspects érotiques de leurs attitudes.

S’il ne faut ni banaliser ni dramatiser les petits jeux malsains qui se sont déroulés pendant le camp des louveteaux de l’unité Saint-Remacle, l’incident illustre très à propos les conséquences possibles de l’hypersexualisation de la société, à laquelle le Crioc (Centre de recherche et d’information des organisations de consommateurs) vient de consacrer une étude. L’hypersexualisation apparaît comme un modèle de sexualité réducteur qui s’inspire de stéréotypes dont la pornographie est friande : homme-dominateur et femme-objet séductrice et soumise.

Le Crioc s’inquiète de l’impact de ce phénomène sur les enfants et les adolescents, qui adoptent des attitudes et des comportements sexuels qui peuvent être considérés comme (trop) précoces. Sans compter qu’au cours du 20e siècle, les modifications des habitudes alimentaires ont avancé de 2 à 3 ans l’âge de la puberté et, partant, les changements physiologiques et psychologiques qui y sont liés.

Ce n’est pas un hasard si les ados, qui sont dans une période charnière marquée par une quête identitaire très forte, où les copains jouent un rôle particulier, sont particulièrement touchés par l’hypersexualisation. Le code vestimentaire, les attitudes et comportements revêtent un aspect d’appartenance à un groupe donné. L’influence des pairs, comme des idoles, est très prononcée en matière de sexualité. A la télé ou dans les pubs, l’hypersexualisation règne en maître dans les tenues vestimentaires qui mettent en évidence certaines parties du corps (décolleté, pantalon taille basse laissant apparaître le caleçon, string ) et les postures à caractère sexuel (se passer la langue sur les lèvres, se déhancher, bomber le torse ). Ce morcellement des corps, surtout celui des femmes, est une technique régulièrement employée dans les pubs et les clips vidéo, souligne le Crioc.

Qui insiste : l’hypersexualisation n’est pas innocente. Elle dégrade l’estime de soi chez les jeunes, qui tentent de copier l’image véhiculée par les médias. La concience des différences entre sa personne et ce qui est vu à la télé, par exemple, peut mener à des dépressions, des troubles scolaires et alimentaires, pointe l’étude.

Autre effet pervers : les pratiques des enfants et des adolescents ne sont pas forcément liées à des actes connotés sexuellement à leur yeux. Quand une très jeune fille enfile un string, elle n’associe pas forcément son geste à l’aspect érotique que peut avoir ce mini-slip aux yeux d’un adulte.

Le Crioc estime donc que face à cette hypersexualisation de la société, il convient de développer la capacité d’analyse des jeunes et leur esprit critique en encourageant l’éducation aux médias et au décodage publicitaire.

L’étude peut être téléchargée sur www.crioc.be