L’annonce de la mise en place du Pass Contraception par la région Ile-de-France, avec le soutien du ministre de l’Éducation nationale, s’appuie sur la nécessité de faire reculer le nombre des grossesses d’adolescentes et, corrélativement, celui des interruptions volontaires de grossesse chez les mineures. Les chiffres sont préoccupants et il est urgent d’agir. Face à cette situation, il est difficile de ne pas faire un lien avec le fait qu’alors que la circulaire n° 2003-027 du Code de l’éducation du 17/02/2003 a rendu les séances d’éducation affective, relationnelle et sexuelle en milieu scolaire obligatoires, les moyens dont disposent les centres de planification et d’éducation familiale sont en constante diminution, tout comme les aides à la formation des intervenants dans ce domaine.

L’article L312-16 de la circulaire n° 2003-027 est aujourd’hui loin d’être appliqué dans l’intégralité de ses dispositions, en particulier en ce qui concerne les fondements sur lesquels il s’appuie : « L’éducation à la sexualité à l’école est inséparable des connaissances biologiques sur le développement et le fonctionnement du corps humain, mais elle intègre tout autant, sinon plus, une réflexion sur les dimensions psychologiques, affectives, sociales, culturelles et éthiques. Elle doit ainsi permettre d’approcher, dans leur complexité et leur diversité, les situations vécues par les hommes et les femmes dans les relations interpersonnelles, familiales, sociales. » Il s’agit bien sûr d’informer les jeunes mais aussi de les accompagner, de participer à leur éducation affective pour les faire réfléchir sur le sens de leur vie, les aider à acquérir le sens de la responsabilité, du respect de soi et des autres.

Si le "Pass contraception" répond à de réelles préoccupations, il reste limité et présente quelques risques, à commencer par banaliser la relation sexuelle.

 

Une approche "hygiéniste" de la sexualité tend à oublier une part importante de l'être humain au profit de la dimension physique uniquement et de la santé particulièrement.

 

Il est pourtant indispensable d'aider les jeunes "à prendre soin de toutes les dimensions de leur personne, que ce soit leur bien-être affectif, leur santé ou leur capacité d'être en relation avec les autres en tant que sujet".

De plus, le "Pass contraception" risque de disqualifier les parents, certains pouvant être tentés de "démissionner de leur responsabilité d'éducateurs" auprès de leurs enfants qu'ils doivent accompagner dans l'acquisition de la responsabilité et de l'autonomie. Ce dispositif risque de n'être qu'une simple "rustine" ralentissant la mise en œuvre d'une action en profondeur qui nécessite l'aide et la formation des adultes et des parents responsables de jeunes. C'est là une question d'ambition de notre société pour ses jeunes afin de les aider à accéder à une sexualité développant leur capacité d'aimer, et le respect d'eux-mêmes et des autres.

 

Tout en aidant les familles concernées par les difficultés liées à des grossesses précoces, "ne renonçons pas à aider nos enfants à donner du sens à leurs actes".