Au nom de l’amour!

Mis en ligne le 12/12/2008  La Libre Belgique

Conformément à ce que le Professeur Lequeux sous-tend dans l’article "O Marie, toi qui as conçu sans pécher" (LLB du 9/12/2008), les jeunes rejettent les morales sexuelles. Mais les moralistes ne sont pas toujours ceux que l’on croit. Au nom de la génération "qui n’en a rien à cirer de la morale sexuelle pontificale", je me permets de questionner la morale, toutes les morales. On nous a dit que la pilule était une libération. On nous a dit "jouissez sans entrave". Il fallait multiplier les expériences, goûter au fruit défendu, et il fallait s’y mettre, rapidement. Et puis, on nous a dit de nous protéger. En cas de pépin, le Planning serait toujours là. Enfin, on nous a dit quand être libre: les enfants, ni trop tôt, ni trop tard. Bref, quand mon gynécologue et mon patron me donneront leur feu vert.

Je résume ma leçon: le sexe et l’enfant quand je veux, avec qui je veux et si je le veux, vaille que vaille. C’est ça la liberté. Entre-temps où sont passés notre désir et notre liberté? La réponse à cette question, cette fois c’est la réalité d’aujourd’hui qui nous la donne. Problème numéro un des couples: la perte de désir sexuel. "Face au sexologue, hommes et femmes se plaignent de pannes du désir, d’impuissance, d’éjaculation précoce, de sécheresse vaginale, de douleurs ou d’absence d’orgasme", dixit le professeur Lequeux (dans le Vif-l’Express). Conséquence inévitable pour les femmes: la diminution de la libido sous l’effet de la contraception hormonale supprimant le pic oestrogénique et la diminution du taux d’androgènes, disposant le corps des femmes à l’acte sexuel. Et quel remède nous donnent les sexologues? L’abstinence ben tiens, un retour à notre nature profonde de femme qui, justement, avait prévu le coup, dotant notre corps d’un cycle prévoyant des périodes d’abstinence. Sans parler des cas d’infertilité qui augmentent et auxquels on oppose des fécondations in vitro dont un cinquième à peine réussissent. Mais pour cela encore, on trouvera bientôt des solutions: mères porteuses puis utérus artificiel, qui sait?

Car tout semble possible dans cette fuite vers une liberté désincarnée. A quoi cela sert-il d’être disponible "non stop" si l’on a plus l’envie? Comment est-ce possible d’aimer totalement en se protégeant de l’Autre? Quelle est cette fameuse liberté qui se vit dans la dépendance au médecin par l’intermédiaire de la technique contraceptive et de l’assistance procréative? A quoi ça sert d’être libre si ce n’est pas pour aimer? Pourtant, la plupart d’entre nous désirent vivre pour l’amour ouvrant à une sexualité relationnelle qui donne sens à notre vie. Par la connaissance de notre corps sexué et différencié, nous pouvons considérer le lien entre la sexualité et la fécondité comme une source d’émerveillement et pas de problèmes; lien que nous essayons d’intégrer plutôt que de rejeter. Nous désirons trouver des alternatives à la contraception et aux fécondations in vitro qui soient davantage au service des couples, de leur amour et de leur sexualité. A 24 ans, je le crie si fort que j’en ai perdu un grade à ma délibération pour l’obtention de ma licence en études de la famille et de la sexualité (UCL) par le Professeur Lequeux qui, apprend-on dans ce journal, avait subi quarante ans plus tôt les mêmes déboires. Ironie de l’histoire qui ne vaudra pas une vie de frustration!

Thérèse Jacob - Hargot (Fondatrice de l’ASBL Love Génération).